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J'ECRIS ET CHASSE LE HANDICAP
27 novembre 2010

N°7 Soins de la douleur

Episode 7

Aujourd'hui, j'œuvre à l'aveuglette et je tente de ne pas perdre mon sang froid en me disant que je dois me considérer dans un préapprentissage avant de perdre totalement la vue. J’ai la veine que ce ne soit pas brutal et pour tout dire, je veux croire que ce n’est qu’une épreuve que subit mon corps pour s’adapter à un médicament qui traite les douleurs neurologiques périphériques. Le médecin de la douleur m’a dit de l’informer sur la prise progressive de ce médicament. Ouais, je l’ai fait mais il est en vacances. Les toubibs prennent beaucoup de vacances, les dentistes aussi. Normal, avec tout le fric qu’ils se font sur la misère du monde.

J’ai rendez-vous avec lui dans huit jours. Peut-être que ses vacances l’auront rendu moins stressé. Je l’espère, car c’est très pénible pour un patient très atteint, qui a dû faire l’effort de se rendre à une consultation médicale et attendre trop souvent sur une mauvaise chaise que ce soit son tour, d’endurer le stress du médecin. C’est vraiment le travail au rendement.

Le diagnostic est fait sans nuances.

- Je souffre énormément d’une prothèse dentaire, et ce depuis deux ans, les conséquences de ces douleurs bucco gingivales se multiplient …

- PAS MON PROBLÈME, allez chez le dentiste !

Et faites-moi savoir comment vous supportez le médicament, les doses sont trop faibles pour vous soulager vraiment, mais j’augmenterai les doses en fonction de l’effet. Au revoir.

Et vlan, t’as pas le temps d’en placer une. De mon point de vue, mon appareil dentaire a un rôle dans mes douleurs et, tant que je l’aurai en bouche, il fausse l’effet des traitements.

Faut que je regarde sur mes décomptes de mutuelle, j’appartiens à la grande famille de l’Education Nationale, combien coûte une consultation entre deux portes.

Travail à la chaîne sur les estropiés des temps modernes. On pourrait faire un film à la Charly Chaplin sur le sujet. Peut-être que les gens se révolteraient quand les assemblées sous l’instance du gouvernement, votent la libération des prix pour les actes médicaux sans exigence de contrepartie.

Un de mes lecteurs m’a dit qu’à une époque, en Chine, le soignant n’était payé que s’il avait guéri le patient, ça met assurément un frein à l’exploitation de la misère humaine.

Il faudrait en prendre de la graine même si je n’irai pas jusque-là. Moi, par exemple, je ne peux pas guérir. Au mieux, il est parfois possible de mettre un frein à l’aggravation et surtout aider à mieux vivre en apprivoisant la douleur.

C’est une médecine de luxe selon le Président actuel venu de l’Est après que sa famille avait collaboré avec le régime nazi. Normal que son père ait eu des difficultés à devenir Français même s’il prétendait avoir fui l’Armée Rouge. A force de récupérer trop de gens de l’Est et ça remonte aux Russes Blancs, l’esprit contre-révolutionnaire s’est répandu en France. J’ai vu des livres scolaires de littérature où Voltaire et Rousseau ne figurent plus mais on y trouve les phrases mal construites et les thèses réactionnaires d’un Joseph de Maistre, ennemi les idées de Voltaire et contre les droits de l’homme. Je vous jure que c’est vrai, j’ai pu le constater dans le livre de ma fille née en 1974 et alors en classe de seconde.

Un bouquin pour classe de curés comme il y en avait à mon époque du bac, on était alors en 1958. Le dimanche, quand les internes du lycée faisaient la promenade obligatoire Cour d’Ajot à Brest, les élèves du Lycée marchaient le long de la voie qui surplombe la rade et les filles de l’école religieuse défilaient sur le trottoir opposé, Autrement dit, nous nous réservions la voie royale, pour elles, le meilleur serait après la mort selon l’instruction qu’elles recevaient à prix fort.

Les bonnes sœurs, qui les encadraient, faisaient comme si elles ne nous voyaient pas et nous, nous rigolions, nous lancions des quolibets sortis de Rabelais, Montesquieu, Voltaire, tout exprès préparés pour elles, de quoi énerver les bonnes sœurs, rien que du texte interdit à ses filles à papa qui payaient cher leur scolarité et allaient se planter au bac avec un sujet sur Rousseau, elles pourraient chanter comme Gavroche « J’ai planté mon nez dans l’eau, c’est la faute à Rousseau ».

De quoi rendre la page blanche. En tous les cas, c’était comme ça à Brest en ce temps-là et les résultats aux examens étaient probants. Le Lycée laïc était fier des résultats de ses élèves. Alors, le défoulement quand on croisait l’école religieuse privée était toléré. Les pionnes marchaient crânement, accompagnatrices de l’élite future, et elles n’avaient pas l’ordre de mettre des colles, si facilement distribuées pour la moindre circonstance.

Gérer au mieux la douleur, c’est la seule prétention des services de soins à la douleur. Si vous voulez plus, le Professeur vous enverra voir ailleurs si des miracles se produisent

 La première consultation est un entretien, ça fait du bien, on ne vous bouscule pas, c’est une conversation où le Professeur pose des questions et est à l’écoute de vos réponses. Mon médecin actuel de la douleur est compétent, même s’il fait partie des hommes pressés. Sa formation n’a pas dû lui enseigner qu’il doit lui-même être calme avec les patients qu’il aura à traiter.

A force de s’épuiser à gérer la douleur, le sujet vit en quelque sorte au ralenti. Ce ne sont jamais des belliqueux, le fiel les épuiserait trop, toutes les douleurs se mettraient en branle. Il se tordrait plus de douleur que de colère. Se tordre de douleur n’est pas bon non plus, il faut savoir garder toujours son sang froid. J’ai une assistance à la douleur depuis 1989, mon premier spécialiste était très bien, du moins avec moi, il disait :

- que je faisais tout pour ne pas m’enfermer dans ma douleur, ce n’est pas comme certains !

J’ai eu à connaître des patients qui le fuyaient, il leur avait parlé vertement, ça les avait choqués. Quand ces patients me rapportaient les propos, je trouvais qu’il n’y avait pas de quoi quitter quelqu’un de si bon conseil.

Il est parti à la retraite. C’est là le problème de survivre si longtemps à des atteintes irrémédiables. Il y aura bientôt trente ans, alors il y a ceux qui meurent et ceux qui ont atteint l’âge d’une retraite méritée.

Mon ami François Geoffroy vous a parlé de la gestion de la douleur, de l’importance de la relation avec le docteur. Nous nous rejoignons dans nos témoignages. J’ai été étonnée combien nos atteintes sont similaires.

- Lui détruit par le travail et laissé sur le carreau avec une pension médiocre, démoli mais appelé à vivre chichement

- Moi brisée de la tête aux pieds par un chauffard, une rescapée de la route arnaquée par les assurances et des docteurs experts complices.

Dès que j’évoque l’accident de la route, je suis fatiguée, à la prochaine….

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