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J'ECRIS ET CHASSE LE HANDICAP
29 novembre 2010

N+16 Le jeu des assurances

 Episode 16

Comme vous avez pu le réaliser, mon cas n’est pas simple et celui qui m’a mis dans cet état n’en sait rien, il coule sa vie bien normalement.

Trois jours après l’accident, il s’est pointé en soins intensifs où j’aurais dû être. Il a été reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Depuis mon arrivée, je passais d’une chambre d’opération à une autre et ce n’était pas encore fini. Personne ne savait quelles étaient mes chances de vie. Alors abîmer quelqu’un de la sorte, c’était impardonnable.

Il est remonté à l’étage où on lui avait fait les examens qui montraient qu’il n’était pas atteint, sa jeune épouse s’en sortait moins bien avec un visage balafré par des éclats de verre. Quand je fus en service orthopédie, une infirmière me raconta qu’il pleurait en disant que tout était de sa faute. Il avait emprunté la voiture neuve de son père sans le lui demander et il s’extasiait de la puissance du véhicule quand il prenait les virages sans rétrograder. Subitement il fut déporté sur sa droite et vit une borne qui allait abîmer l’engin, alors il a braqué vivement et c’est ainsi qu’il a embroché les véhicules qui arrivaient dans l’autre sens.

 

C’est tout ce que je sais, je ne l’ai jamais vu. Il y eut un procès en correctionnel, la police souhaitait que je sois partie civile, mon avocat fit tout pour que cela ne soit pas. J’ai téléphoné à mon assurance qui sur les antennes se dit assureur militant pour connaître son conseil. C’était tout aussi bien que les dommages se règlent à l’amiable, d’ailleurs j’ai coûté plus d’un million de francs en soins et je n’ai rien payé, je ne peux pas me plaindre. Interloquée, j’ai raccroché. J’étais alors en rééducation fonctionnelle et tous mes efforts se concentraient sur : retrouver l’usage de mes jambes et quitter le fauteuil roulant. J’ai demandé à mon fils de seize ans d’aller écouter l’audience. Il y est allé.

 

A son retour, il me dit que tous parlaient de moi, de l’envol de ma voiture. Tous en étaient choqués. Mon avocat passait de temps à autre dans le couloir, sans plus. Je le lui ai dit. Il m’a répondu qu’une intervention n’était pas utile. La partie adverse reconnaissait son entière responsabilité. Ouais, mais il n’a pas été dit qu’il voulait avant tout épargner la voiture de son père !

Il eut un mois de prison, un mois de retrait de permis, le tout avec sursis et une amende pour manque de contrôle de véhicule, plus 1.000 francs aux parties civiles dont je n’étais pas. La police avait raison en disant que ce salopard s’en sortirait trop bien si je n’y étais pas. J’aurais aimé une suspension réelle de son permis et qu’on lui fasse  mal à son porte-monnaie.

 

Lorsque je n’ai pas été indemnisée par les assurances en fonction des dommages subis, j’ai eu comme réponse que je pouvais faire appel en juridiction civile et que la procédure durait six ans, il y eut pression pour que j’accepte en l’état, c’était urgent pour eux car une révision du code pénal allait entrer en vigueur en mai 1985 et l’arnaque aux accidentés ne seraient plus bien possible. Ce dernier point, je l’ai découvert moi-même et bien par après et par hasard.

 

J’ai demandé à l’avocat pourquoi je n’étais pas mieux défendue par mon assurance, il m’a répondu que l’ensemble des assurances étaient regroupées et que si des accidents coûtent trop cher, les assurances voient leur cotisation augmenter. Mon dossier n’a pas été clos car des complications étaient possibles. L’avocat est mort, l’assurance suisse de la partie adverse n’était plus représentée dans le département où j’avais eu l’accident, j’avais quitté mon assurance de cette époque-là pour une assurance moins chère. Les séquelles ont commencé à se mettre en place en 1986, je souffrais de plus en plus. J’habitais Evian-les-Bains et l’aide médicale apportée était insuffisante. Alors que ma récupération avait été remarquable, j’étais dans une phase où je rétrogradais. J’ai pris rendez-vous avec un Professeur qui exerçait au Centre de soins MGEN de Lyon.

 

 

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