N°41 Découvrir Saint Nazaire
Épisode N°41
Quand, mal en point, je quittai Digne-les-Bains, mon intention était d’aller à Nice.
Repasser les Alpes pour déménager dans le sens inverse de ce que j'avais fait me paraissait avoir beaucoup dépensé inutilement. Mais l’urgent était avoir des soins et, à Strasbourg, je savais à qui m’adresser, et avoir un compagnon me plaisait bien. La présence de François atténuait les maux, je lui disais ce qu'il en était, j'avais trop l'expérience de ne rien dire, chose imposée par ma mère mais qui ne convient pas à tous, ça meut même créer des malentendus du style
- Tu fais la tête?
- Non, mais j'ai très mal.
Ensuite, il n'y a plus de confusion entre bouder et avoir mal.
. Mon idée avait été d’habiter dans un mouchoir de poche et conserver mon argent pour circuler, faire face à des dépenses médicales comme stage pour adaptation à la malvoyance ou autres trucs qui se préciseraient en temps voulu..
L’immobilier était au plus haut niveau. Peu de choix, soit de l’ancien avec de gros frais à prévoir, or avant de quitter Strasbourg, j’avais eu les charges d’un ravalement, je n’allais pas recommencer, soit du neuf dont la construction n’avait pas commencé. Il était certain que François et moi allions vivre ensemble. Il fallait voir autrement. Mon mouchoir de poche est devenu un trois pièces mais, dans le neuf, ce sont les pièces qui sont des mouchoirs de poche. Finalement, le choix s’est porté sur un programme neuf dans un quartier neuf, l’avantage dans le neuf, c'est le peu de charges. Les chantiers de construction allaient bon train, c’était préférable pour ne pas éterniser mes frais de garde-meubles.
Quand il fut possible d’emménager, notre logement nous parut bien petit, avec incapacité de pouvoir héberger d’autres que nous-mêmes et de devoir nous séparer de lits de qualité pour dons aux Emmaüs. J’engageais bien des frais pour le rendre agréable, convaincue que c’était mon dernier appartement. Le fils de François avec femme et enfant vivaient dans le même quartier. Puis le jeune couple vendit son appartement pour acheter une maison individuelle dans un quartier à l’opposé du nôtre. François visita avec son fils des lieux vacants ce qui lui donna envie que nous quittions aussi ce quartier. Je lui déconseillai un pavillon individuel ; notre âge réclamait plus de tranquillité que d’avoir à s’occuper de l’entretien d’une maison et de son jardin. Nous visitâmes des appartements dans le quartier où j’avais vendu le mien avant de partir pour Digne.
Mais les prix s’étaient envolés. Nous eûmes le coup de foudre pour l’un d’eux, spacieux et bien situé. Dans ce quartier déjà connu, nous avions l’impression de revivre tant il est animé par rapport à notre quartier neuf destiné à devenir une cité dortoir. Et l'idée d’espace nous réjouit.
Le nôtre a été mis en vente, et nous avons fait les démarches pour un prêt relais Du temps de l’URSS, la propagande ironisait sur le soviétisme bureaucratique. Sur ce plan, la France bat tous les records et elle ajoute les travers d’un libéralisme à tous crins qui fait que je n’ai pas confiance dans le système bancaire et je préfère savoir mon argent placé dans un appartement confort qu’à la banque et avec l’Etat qui me rogne mon capital lié à mon accident de la route qui me pourrit la vie tous les jours.
Et François Geoffroy de m’écrire :
Si ton futur déménagement se
rapproche, nous avons nous-mêmes été passer deux jours dans un studio donnant
sur la mer à Pornichet. L'objectif était surtout de voir St Nazaire, ses
quartiers, ses environs pour un projet de départ définitif pour cette ville
dans un an et demi.
Nous serons en retraite
tous les deux et avons donc ressenti le besoin de faire du neuf pour cette
tranche de vie à venir. Marie a sa famille à quelques 70 kms plus haut à
l'intérieur des terres. La confrontation entre nos rêves, nos attentes et la
réalité de St Nazaire s'est révélée fort intéressante.
Nous avions vu St Nazaire, il y a trente ans et tout a bien changé. La ville a
fait peau neuve, le front de mer entièrement refait, le centre avec des
nouvelles avenues...
Ville d'histoire, détruite pendant la dernière guerre.
Je n'aime pas cette expression toujours utilisée...Comme s'il y avait eu une "première" guerre, lors du premier coup de trique entre deux Néandertaliens peut-être et une dernière que l'on croit toujours la "der des ders"!
On utilise cette expression en France à cause des deux grandes guerres proches l'une de l'autre en oubliant toutes les autres guerres toujours à l'œuvre aujourd'hui dans le monde. Revenons vite à la paix que procure le bruit de ressac que l'on perçoit du haut de ce studio "de bord de mer"...
Parcourue la route de la côte, vers la Bretagne jusqu'à la pointe du Croisic et vers la Vendée jusqu'à St Brévins en passant le pont suspendu au dessus de la Loire, devenu gratuit après que le conseil général l'a racheté à la société privé qui avait installé un péage. Vive le services publics!!!
Nous sommes rentrés satisfaits et rassurés de ce premier aperçu des lieux. Je m'imagine aisément dès la belle saison (expression malheureuse aussi... toutes les saisons sont belles, il faudrait dire la douce saison, vers la moitié du printemps) en train de me baigner pour étirer mes abatis dans l'eau salée. Je suis sûr que je n'aurais plus besoin de mes deux séances de kiné par semaine. Je ne crains pas l'eau froide et aime nager. N'oublions pas les ballades sur les chemins côtiers ou à l'intérieur des terres.
St Nazaire ressemble politiquement à Pontault-Combault
avec ses élus municipaux de gauche, socialistes, communistes et verts. Ville
active socialement, culturellement, grande ville de 68.000 habitants où des
citadins de la région parisienne comme nous ne se sentiraient pas trop
dépaysés. En parcourant le marché couvert dimanche matin, je faisais remarquer
à Marie que j'avais l'impression que les gens n'avaient pas d'accent
particulier. Contrairement à l'intérieur de la Loire-Atlantique où l'on utilise
encore le Gallo. Mon beau-père pouvait dire: "Le temps s'abernaoudit, va
ché hân'raoupée!" (je n'assure rien pour l'orthographe): le temps s'obscurcit
il va tomber une averse! Donc pas vraiment d'accent du terroir pour les
nazériens semble t-il, un parler d'une ville plutôt multiculturelle, ce que je
trouvais réconfortant. En effet, autant ne pas se faire remarquer dès le départ
avec nos causeries de "pointu" parisien et entendre des sonorités pas
trop surprenantes pour nous aussi. Quand la langue se partage aisément, il est
plus facile quand même de connaitre les autres. Le prochain rendez-vous avec
notre future région sera lors d'un autre w.e, fin mars. Nous avons déjà réservé
un Mobil-Home pour 15 jours en mi-juin afin d'approfondir notre connaissance
des environs et profiter de la douceur atlantique. Voici de quoi alimenter la
rêverie, en attente des boulever-sements à venir, de cette haute marche à gravir
pour surplomber enfin les langueurs océanes...
Déménagement = grosse corvée, c'est sûr... J'ai les mêmes appréhensions par avance car j'ai eu trop l'habitude de bouger, porter, remuer, bricoler... etc. Je sais qu'il va falloir d'une part que ce soit d'autres que moi qui "fassent" mais aussi qu'il nous faudra, en conséquence, prévoir de budgéter ce gros déménagement. Pour si la cause est bonne... et elle l'est, Oh combien!