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J'ECRIS ET CHASSE LE HANDICAP
27 mai 2011

Santé et fric, on peut toujours rêver

 

Épisode 68

Pour "être au Top" chère amie, il faut être jeune, friqué, en bonne santé et surtout, mais surtout, se regarder le nombril sans s'occuper des autres, sinon, risque d'états d'âme, de réflexions sur le système ou autres pensées inutiles!

Quand on ne connaît pas François Geoffroy, on peut penser à un auteur cynique. En fait, il est tant à l’écoute du monde qu’il milite pour que la peine de mort soit abolie aux U.S.A. Pour être leader, on doit être exemplaire et les U.S.A ne le sont pas avec cette peine de mort toujours en vigueur.

Je souris quand il dit qu’i faut être « jeune ». Le jeunisme à la mode est un phénomène récent. Quand j’étais jeune, j’étais toujours « trop » jeune pour remplir certaines fonctions. Ce fut le cas pour présider à la Fédération des associations culturelles de Mulhouse. J’avais 36 ans et une énergie qui a fait peur. Beaucoup veulent exister par le biais d’une association mais, en dehors du prestige, qu’ils pensent en tirer, leur désir est de ne bousculer personne et de roupiller. Ceux qui impulsent une dynamique sont généralement jeunes ; mettons leur des bâtons dans leur carrière, il arrivera un moment où l’âge les aura assagis, le poids des ans enrichit la pensée, l’expérience mais le corps a un rythme plus proche de la tortue que du lièvre.

Il reste que c’est enviable d’être jeune. L’avenir est devant soi et un corps jeune, dynamique provoque la sympathie. Pour être friqué en le devant qu’à soi-même si la naissance ne nous a pas fait riches et que la chance ne nous fait pas un des élus de la Française des jeux, c’est peu probable si la carrière a été entravée par un handicap. François pense, à juste titre, qu’une tuberculose, une pyélonéphrite et une sciatique chronique, ça laisse un corps marqué par la souffrance et une vieillesse qui frappe trop tôt à la porte.

Il y a une formule, du style « on a l’âge de ses artères » mais le cerveau n’entre pas dans cette considération. Y a des jeunes qui sont vieux d’esprit et des abîmés de la vie qui restent des exemples d’espoir en se projetant dans un devenir où ils se veulent agissants.

Ce serait Nietzsche, m’écrit François, qui aurait dit quelque chose comme:  "il faut vivre de nombreux chaos avant de voir s'éclairer une brillante étoile"
Je laisse le dernier mot à cet écrivain qui a "cherché " alors qu’aujourd'hui, je cherche et ne trouve pas toujours..
.

Ton étoile, c’est peut-être, votre future installation à Saint Nazaire et c’est assurément la solidité de votre couple avec les enfants qui prolongent le sens d’une vie. Et les miracles. Notre biographie en commun qui peut connaître des prolongements. Livre numérique qui pourrait bien connaître des lecteurs en nombre par le biais d’une bibliothèque par exemple.

Le mot miracle est ici utilisé dans le sens d’inattendu. Je n’y vois pas l’intervention du ciel. Je n’ai pas appartenu à une bande de mécréants, mais j’en étais une, je ne sais pas si ce nom a été féminisé. Quand je suis arrivée à 11 ans au préventorium, comme tous les nouveaux arrivants, je suis restée un temps dans un pavillon dit « d’observation ». Nous étions contrôlés comme quoi nous n’étions pas bacillaires. Nous avions un régime au ralenti mais Dieu nous protégeant et pour qu’il exerce sur nous sa bienveillance, nous allions à la messe, tous les jours, tôt le matin. Alors que nous étions à genoux pour prier, j’ai été prise d’un malaise et la sœur accompagnatrice a eu très peur. Et pour ne plus revivre cette peur, j’avais l’ordre de rester assise. J’ai bénéficié de cette prérogative durant tout mon séjour qui dura neuf mois au lieu de trois. Je suis convaincue que je n’avais pas besoin d’y rester autant et j’étais trop jeune pour questionner sur le sujet. Mes radios étaient bonnes, c’est ce que j’entendais dire mais pour sortir, il fallait l’avis du super docteur qui estimait que les gosses dans son établissement étaient à l’abri de tous les miasmes de l’extérieur. Il s’élevait contre les autres avis de libération en affirmant

  • Il vaut mieux lui assurer un suivi.

Comme je l’ai déjà dit, sans doute que l’air des montagnes, à lui seul, a suffi pour guérir mon poumon voilé car, en dehors d’une consultation hebdomadaire, je ne me souviens pas de soins particuliers.

Je suis restée trois mois au pavillon d’observation. La religieuse m’avait prise sous sa protection et eut du mal à me larguer avec le nombre. Première étape : service grand repos qui nous condamnait à être des allongées tous les après-midis alors que dans le service au dessus dit demi-repos, il y avait une promenade en montagne. Quand il avait plu, c’était le ramassage des escargots revendus ensuite à une société de Mendes. Je restais au grand repos trois mois ce qui était énorme. A chaque consultation, je demandais à quitter le grand repos. Je finis par avoir gain de cause car je réclamais toujours les douches et au grand repos, pas de douche. Puisqu’on ne bougeait guère, on restait propre. En hiver, l’eau des robinets était gelée et quand j’y pense, je me demande comment il n’y a pas eu de problèmes de canalisations. J’ai oublié de dire, mais c’est tellement évident à cette époque-là, nous n’étions que des filles de trois à dix-huit ans.

Chaque grande avait la responsabilité d’une petite, elle devait lui faire son lit, l’accompagner aux lavabos pour sa toilette, les grandes balayaient aussi les dortoirs. Je plains les petites car les grandes se comportaient en peaux de vaches et les sœurs ne leur étaient d’aucun secours. Au réfectoire, les grandes occupaient le bout des tables pour prendre les plats et répartir leur contenu dans les assiettes. Quand ce n’était pas bon, et c’était souvent le cas, elles remplissaient au maximum les assiettes des petites pour se réserver à elles-mêmes une portion congrue. Par contre, elles faisaient mains basses sur les desserts.

J'étais une grande à cause de mon niveau scolaire mais j’étais si peu grande que les sœurs, chefs de dortoirs, ne m’ont attribué aucun rôle de grandes. Habituée aux collectivités, orphelinats, familles d’accueil dès le plus jeune âge, j’étais ou souple ou sachant montrer les dents pour ne pas être impotunée par les grandes.

Je reviendrai sur ce préventorium avec une anecdote édifiante sur l’hygiène. Pour l’instant, j’arrête. Je suis depuis plusieurs jours avec un état inflammatoire dévastateur et épuisant. Comme toi, François, je joue les « allongés » dans l’espoir d’un répit.



 

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