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J'ECRIS ET CHASSE LE HANDICAP
14 novembre 2011

N°84 méchanceté pathologique

J'ai pris beaucoup de chemins de traverse comme dit Montaigne avant de pouvoir parler de ma grand'mère. Elle n'enviait pas  l'argenterie de la bourgeoisie, elle la possédait et avait une femme de ménage pour la faire reluire.  Certes, ta grand'mère en disant que ton père était "un accident de capote" cherchait à blesser ce que faisait ma grand'mère avec continuité. "Mademoiselle, vous n'arrivez pas à la hauteur de ma cheville", ça, c'est ma grand"mère s'adressant à moi, cette fille venue de nulle part. Cette interjection était fréquente et ne me faisait aucun éffet, je la trouvais ridicule. J'étais plus mortifiée quand je devais signer au bas d'une feuille le coût du repas que j'avais pris chez elle ou qu'elle éteignait sa radio en disant:

- Vous n'avez pas à consommer ma TSF.

Je pourrais multiplier les exemples sauf que je me suis appliquée à nettoyer mon cerveau de tels souvenirs qui concourent tous à révéler sa suffisance et sa pingrerie. Elle savait maquiller sa vraie nature et jouait les grandes âmes auprès d'autres. Quand j'étais en lettres supérieures, le montant de ma bourse d'études était supérieur à mes frais d'internat. Comme tutrice, elle recevait l'excédant. Moi, je n'avais pas le moindre argent de poche. Si je demandais 1F pour un cahier, je recevais la pièce à travers la figure. Par contre, ma bourse reçue, elle courait chez la dentiste, une notable qu'elle connaissait et payait mes soins dentaires en cours. J'en ai montré de l'humeur car comme étudiante, la dentiste alignait ses honoraires sur les tarifs de la sécurité sociale. Ma grand'mère s'exclamait :

-Mademoiselle n'est pas contente que je paie ses dettes!

Je ne devais pas ébruiter ses simagrées mais on devait savoir à la ronde les largesses prodiguées à sa petite fille.

Elle était narcissique et j'ajouterai perverse. Si je parlais avec un garçon de mon âge, elle écrivait à ceux qui m'estimaient que"je m'affichais avec un garçon, elle se faisait du souci et versait des larmes de sang". Bref, j'étais ingrate et pas fréquentable.Elle m'affligeait tant d'injures, qu'avec une rage intérieure, j'avais envie de faire une connerie pour que ces sales propos trouvent une réalité d'être. Je n'en faisais rien sachant que cette gueuse en aurait été trop contente! J'avais de qui tenir, n'est-ce pas?

Je pourrais écrire des pages sur sa méchanceté et perversité.

Sa fille, ma mère, n'était pas mieux mais elle ajoutait à ces travers la violence qui aurait pu conduire au meurtre. Ce qui stoppait le geste fatal, c'était la vue du sang. Elle cessait et avait peur mais elle ne soignait pas, elle m'expédiait avec la même violence une serviette mouillée qui permettrait de cacher le sang. Et pourtant, j'ai eu longtemps pitié d'elle, je sentais dans ses emportements une grande souffrance intime. J'ai cessé de la plaindre quand j'ai saisi toute la haine qu'elle nourrissait.

Quand elle est morte, j'ai reçu une lettre de son cousin germain donc mon petit cousin, il a la double nationalité française et américaine, il dut quitter la France avec la Seconde guerre mondiale. Il refit ses études de médecine aux USA et devint chirurgien. Par une petite cousine par alliance, il avait lu mon livre "Le miroir sans tain" et c'est ainsi qu'il eut envie de m'écrire. Il me dit que," malheureusement, par les femmes, et cela remonte  à mon arrière arrière grand'mère, il y avait un mean streak ce qui correspondrait à une méchanceté congénitale. Initialement, la généalogie montre qu'ils ont été des naufrageurs sur la côte nord bretonne, les Bretons les appelaient PENZE. Leurs cousins de Cornouaille britannique n'étaient pas mieux. Tout ceci me rappelait les romans de Daphné Dumourier.

 

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