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J'ECRIS ET CHASSE LE HANDICAP
28 novembre 2010

N°13 associ.de travail pour adultes handicapés mentaux

épisode 13

Je lui ai fait savoir ce que je viens d’écrire à propos de lui et il me répond sur un tout autre sujet, l’univers de son travail qu’il quitte pour invalidité et que je ne connaissais pas.


Je lui laisse la parole :

 Vous dire d'abord que cet après-midi je vais au pot de départ organisé par l'établissement pour lequel j'ai travaillé 35 ans. Mon départ en pré retraite pour cause d'invalidité faisant suite aux séquelles que me laissent une intervention sur hernie discale.

Le secteur social pour lequel mon réveil m'a sorti du lit tant de matins part en déliquescence. Comme tant d'autres secteurs non productifs, l'état a réduit drastiquement, au fil de toutes ces dernières années, les budgets

.Je ne regretterai aucunement la paupérisation des postes quand de plus en plus de jeunes sont embauchés sans formation pour prendre en charge des adultes handicapés mentaux dont la majorité sont atteints de pathologies psychiatriques délicates.

 Je ne regretterai pas non plus le leurre qu'est devenu, le fameux "esprit d'équipe" devenu l'esprit de décision sans discussion de la direction.

Je ne regretterai pas ce lien de subordination qui lie un salarié à sa direction. Je n'ai jamais pensé qu'il était normal, sinon "naturel" qu'un seul être humain puisse décider du déroulement de la vie professionnelle de plusieurs autres. Rien dans la science, la philosophie ou notre simple pensée intime nous prédispose à devoir accepter des ordres conduisant notre existence.

 

J'ai toujours pensé que chacun était à même de disposer de sa propre autorité sur les décisions qui le concerne. Aucun discours de la pensée unique ne me convaincra que ce ne peut être possible car "cela n'existe nulle part!" J'ai dû comme tout le monde perdre un peu ma vie à la gagner, mais aussi par lâcheté de n'avoir pas su ou voulu faire d'autres choix, Vivre cette vie comme bien d'autres mais sans être été dupe de moi ni des autres en acceptant cette réalité.
Je regretterai par contre toutes ces confrontations riches
d'échanges entre collègues où l'intérêt du résident restait la priorité.
Je vais dire au revoir à ces résidents et collègues avec lesquels j'ai eu tant de plaisir à travailler.

On remplit le bahut d'outils et nous voila partis pour des chantiers d'espaces verts. Chacun fait à sa mesure, et j'accepte sans sourciller de faire 60 à 80% du travail d’équipe. Ce sont de vrais travailleurs ces handicapés, avec chacun son rythme. Comme le mien est plutôt tranquille, ma fainéantise naturelle les rassure et nous nous entendons très bien!

"J'ai l'impression que tu n'as pas la forme ce matin? Ne te casse pas la tête aujourd'hui et ne change rien. Demain sera un autre jour!".
Ai-je été un "bon" éducateur en accueillant de cette façon ce type ce matin-là qui fait grise mine?  Je ne sais pas mais je constatais souvent que l'enjeu de cette longue journée lui paraissait, d’un seul coup, plus abordable.       

 Nous pouvons aussi remplir un bahut de valises et partir 10 jours à la neige dans un centre de vacances où nous nous confrontons aux vacanciers "ordinaires". Plaisir sans cesse renouvelé de voir cette jeune femme, handicapée mentale et aveugle, avoir un sourire, large comme ça, en se laissant glisser dans les traces toutes faites de ski de fond !Après deux ou trois ans de pratique, la monitrice n'a plus besoin de la stimuler pour deux heures de randonnées dans les sous-bois de Pralognan la Vanoise.
Je ne peux que souhaiter à mes jeunes collègues d'être adaptés le mieux possible aux réalité  d'aujourd'hui, en luttant contre ces nouvelles directives qui mettent le résident dans une place d'assisté, cette place pour laquelle, avec quelques autres, nous nous sommes tant battus pour qu'on leur reconnaisse le droit à être eux-mêmes, sans fausse compassion, avec par exemple la possibilité de rapports amoureux reconnus par des chambres communes quand deux personnes s'aiment. Faire reconnaître la réalité de ces rapports délicats que le monde dit normal vit tous les jours, telle l'homosexualité par exemple. On se doutera que s'il est déjà difficile de vivre son homosexualité dans la vie "ordinaire", cela sera d'autant plus ardu dans le monde parallèle des établissements du secteur social qui sont à la marge et trop souvent encore des zones de non droits!

Toutes ces années, j’ai partagé aisément avec eux les soucis ordinaires que l'espèce humaine a,, quel que soit le statut de chacun ou celui qui lui est imposé.

Ne suis-je pas en butte à ce que mes grands parents et mes parents ont dû vivre eux aussi quand ils ont passé la main avec l'impression souvent de laisser les choses en plus mauvais état qu'à leur début?

 Le cycle ordinaire de la vie suit son cours et la nouvelle marche qui se présente à moi est comme un défi vis à vis de ma nouvelle situation. Je n'avais évidemment pas prévu de finir avec un dos en mauvais état et des douleurs neurologiques dans le pied gauche.

Comment sera t-il possible que mon boiitillement d'aujourd'hui devienne une seconde nature pour arpenter la route devant moi?
Dans tous les cas, les questions semblent très souvent bien plus
intéressantes que les réponses. Ce sont des portes ouvertes sur la vie. Certaines se sont fermées, d'autres m'invitent à les emprunter! Je sais seulement que je suis plus apaisé aujourd'hui que lors de ces enjeux incontournables où l'on doit faire ses preuves. Avec autorité mais délicatesse (pour ce pied gauche), je vais avancer d'un pas que je me souhaite bon, pour moi et tous les miens!

 

Quand François Geoffroy me répond, il a opté pour mon mode d’écriture que je qualifie au kilomètre. J’écris comme les idées viennent et que des images du passé surgissent, s’entrecroisent, mon objectif est de chasser en partie la douleur qui me harcèle et fait qu’actuellement, marcher est une épreuve. J’ai si mal malgré l’assistance médicale que j’en ai des nausées.

 

 

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